CONTEXTE HISTORIQUE

A son décès en 1355, le duc Jean III de Brabant laisse 3 filles, ses fils l’ayant précédé dans la tombe. Deux d’entre elles, Jeanne et Marguerite, respectivement alliées à Wenceslas de Luxembourg et au comte de Flandre Louis de Male, se disputent l’héritage.

Une période d’incertitude débute alors. Les troupes de Louis de Male en profitent pour s’emparer de Bruxelles en août 1356. Une partie seulement du patriciat de la ville se soumet au nouvel occupant.

A l’issue de ce fait d’armes, les tensions ne sont pas totalement apaisées.

La riposte s’organise à Bruxelles autour de la personnalité d’Everard t’Serclaes (1320-1388) issu d’une famille noble et seigneur de Cruickembourg.

Durant la nuit du 24 octobre 1356, il escalade les remparts à la tête d’une poignée d’hommes et s’empare à son tour de la ville. La paix conclue le 4 juin 1357 à Ath clôture définitivement cette page de l’histoire bruxelloise. Everard t’ Serclaes poursuit une carrière politique au cours de laquelle il est nommé cinq fois échevin.

A partir de 1386, Sweder d’Abcoude, puissant seigneur des environs de Bruxelles, tente d’étendre ses territoires. S’apprêtant à mettre la main sur Rhode, il se heurte aux magistrats de Bruxelles menés par Everard t’Serclaes. En représailles, ce dernier est violemment agressé par les hommes du seigneur de Gaasbeek, fils naturel de Sweder d’Abcoude qui lui arrache la langue. Transporté mourant jusqu’à la maison de l’Etoile, Everard t’Serclaes y décède le 31 mars 1388.

Dans le contexte de la Belgique qui vient d’accéder à son indépendance (1830), Everard t’Serclaes devient le symbole de la liberté communale, dans le contexte spécifique des jeunes institutions de la Belgique indépendant depuis 1830.

Le 13 août 1898, la Ville de Bruxelles commande, à l’artiste Julien Dillens un monument commémoratif dédié à Everard t’Serclaes.

L’artiste s’inspire des monuments funéraires de la Renaissance et crée une composition complexe, dans un écrin précieux, à l’image de l’oeuvre agrandie d’un orfèvre. Dillens se définit lui-même comme «le dernier imagier» et met en scène les événements au cours desquels Everard t’Serclaes s’illustra au XIVe siècle, ainsi que des séquences typiquement bruxelloises. La figure du gisant rappelle le meurtre de t’Serclaes qui fut ramené, agonisant, à la Maison de l’Etoile située à la Grand-Place et où il décéda le 31 mars 1388.

Le monument inauguré en 1902 est formé de deux pilastres soutenant un tympan semi-circulaire d’où surgit un chevalier portant l’étendard du Brabant. Entre les pilastres se trouvent trois bas-reliefs superposés représentant des épisodes de l’histoire de Bruxelles. Sous ces bas-reliefs, le sculpteur a representé le gisant d’Everard t’ Serclaes mourant, entouré d’un linceul.

L’artiste n’a pas utilisé un bronze classique de cuivre et d’étain, mais un alliage de cuivre et de zinc, autrement dit du laiton.
Le monument a été réalisé par la Compagnie des Bronzes. La composition de l’alliage est la suivante : 80% de cuivre rouge de 1ère qualité, 16 % de zinc et 4% d’étain.

Le monument a reçu une dorure par électrolyse et le gisant une patine noire. Lors de l’inauguration, le monument est décrit dans un article de presse de l’époque : La figure de t’Serclaes, lugubre et poignante, contraste, en sa désespérance, sur le fond vif et animé de l’ensemble.

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